Le présent texte s’inspire d’une conférence donnée par Rolando Toro Araneda à l’occasion des Rencontres de la Régionale Sud de Biodanza qui se sont tenues en Novembre 2004, au Chili et qui coïncidaient avec la célébration de ses 80 ans. Lors de cette conférence à laquelle j’ai eu l’immense plaisir d’assister, Rolando Toro m’a impressionnée par sa lucidité et par son rayonnement. Cela fait plus de vingt ans que je le rencontre régulièrement, que j’écoute ses paroles, que je vivencie sur ses propositions et que perçois la valeur profonde et solidement mûrie de sa pensée toujours en évolution.Sensible à l’importance du thème de cette conférence, j’ai pensé qu’il serait intéressant de la restituer dans un texte qui pourrait servir tant à ceux qui connaissent déjà la Biodanza qu’à ceux qui aimeraient la connaître.Ce thème arrive fort à propos comme une sorte de réponse aux multiples questions que nous nous posons. Pourquoi, malgré ce qui la rapproche de tant d’autres disciplines, la Biodanza se présente-t-elle comme unique et différente ? Qu’est-ce qui, dans ses propositions, la rend aussi efficace ? Comment une invitation à célébrer la vie, à retrouver la joie de vivre, peut-elle avoir des effets qui englobent tout autant les multiples sphères de la physiologie et de l’existence ?
Myrthes Gonzales

Quelques mots sur la Biodanza

Dans une tentative de définition, nous pourrions, à tort, céder à la tentation de placer la Biodanza dans les types d’activité les plus disparates. Ceci est dû, avant tout, au fait qu’elle est le fruit d’une transdisciplinarité, c’est-à-dire de la fusion de domaines très divers de la connaissance humaine. C’est d’ailleurs cette fusion qui rend possible la création de quelque chose de totalement inédit.

Se présentant comme une proposition vivencielle visant à faciliter le développement des potentiels humains, la Biodanza peut être considérée comme une pédagogie. Malgré les nombreux effets thérapeutiques générés par sa pratique, elle ne prétend pas au statut de thérapie car elle ne se tourne pas vers la guérison ou vers la pathologie. Elle n’est pas non plus une religion. Bien qu’elle soit fortement propice à la reconnaissance de la valorisation de la vie et du contact, le fait d’offrir aux participants la possibilité de percevoir la valeur de leur présence dans le monde, au-delà de la seule satisfaction des besoins, la place dans une perspective d’éducation à la vie.

La Biodanza est un système créé au début des années 60, au Chili, par l’anthropologue et sociologue Rolando Toro Araneda. Partant de la perception de la danse comme un mouvement chargé d’émotion, Toro en perçoit la capacité de produire des modifications physiologiques, elles-mêmes susceptibles de déclencher l’expression de potentiels endormis. Nous sommes tous porteurs d’une infinité de potentiels à l’état latent et qui ne trouvent pas, dans l’environnement, de conditions favorables à leur manifestation. Parfois l’inhibition de l’expression des potentiels latents est d’ailleurs le fait non pas de manques de stimuli positifs, mais de la présence de stimuli négatifs répressifs. Toro découvre que justement en raison de ses contenus émotionnels et archétypaux, la danse amène le danseur à toucher ses potentialités non manifestées.

Lorsque le danseur plonge totalement dans la musique, il vit un « ici et maintenant » absolu, dans une dimension atemporelle, sans passé, sans futur.

Il existe, dans la danse, une implication directe avec la musique dont le sens, ou la sémantique ne traduit pas nécessairement des idées, mais produit surtout des émotions. Il est facile de voir comment nous sommes touchés par certaines musiques alors que les textes qui les accompagnent nous demeurent incompréhensibles. La musique nous transmet immédiatement une émotion à partir de laquelle se crée une image ou une pensée. Sans que cela soit une condition, nous apprécions certaines musiques car elles évoquent des faits particuliers de notre vie.

La danse est un mouvement généré par l’émotion que propose la musique. Lorsque le danseur plonge totalement dans la musique, il vit un « ici et maintenant » absolu, dans une dimension atemporelle, sans passé, sans futur. Dans la danse, le danseur est totalement tourné vers la manifestation de lui-même dans l’émotion du mouvement qui en accord avec le contenu de la musique, le pousse à exprimer qui il est : certains potentiels déjà manifestés et d’autres se révélant pour la première fois.

La Biodanza est un système d’intégration entre l’émotion et le mouvement, le ressenti et l’action. Il se fonde sur des vivencias induites par la danse, la musique et les situations d’interaction en groupe. Vu que l’émotion de vivre l’instant présent est peu traduisible en mots, il est difficile d’expliquer ce qu’est la Biodanza pour qui ne l’a jamais expérimentée. Elle ne peut être réduite à une technique ou même à une méthode, bien qu’elle s’appuie sur une méthodologie qui exprime un système de pensée. Dans ce sens, elle s’articule sur la base d’un modèle théorique complexe et systémique qui propose une interaction synchrone entre les processus métaboliques, physiologiques, physiques et émotionnels. Lorsqu’on aborde tous les processus comme un processus unique, on approche l’être humain comme unique et vital dans son interaction avec son environnement.

Mais qu’est-ce que l’environnement ? C’est l’ensemble des facteurs environnementaux que la Biodanza nomme «écofacteurs». Ceux-ci peuvent être soit positifs, soit négatifs dans la mesure où ils peuvent stimuler ou inhiber l’expression des potentiels (caractéristiques génétiques héritées). La Biodanza vise justement à stimuler la manifestation de nos potentiels latents à travers la musique, la danse et les situations de groupe.

La musique est une sorte de langage universel qui parle directement à l’émotionnel. Bien qu’il soit conçu dans le cadre d’un contexte culturel, dans le sens où il exprime la culture d’un peuple, ce langage transcende la dimension culturelle car il parle d’émotions et de sentiments compréhensibles par n’importe quelle personne, indépendamment de son origine.

La musique transcende la culture bien qu’elle en soit le produit, car elle s’adresse à l’émotion qui précède celle-ci. Les effets de la musique ne se limitent pas à aux zones les plus récemment développées de notre cerveau. Elle a une action directe sur le système limbique hypothalamique. Lorsque nous dansons nous libérons des neurotransmetteurs et des hormones dont le cycle physiologique agit plus longtemps que le temps que dure la danse.

La musique a un effet direct sur l’état de l’humeur, car elle est susceptible d’induire de la tristesse, de la joie, de l’amour, de la colère, de la peur, etc. Chaque musique possède sa propre sémantique qui peut véhiculer une signification archétypale de base. Par exemple, une musique peut être identifiée à un élément de la nature, comme l’eau, la terre, le feu ou l’air. La légèreté de la valse aère notre danse, la passion du tango nous enflamme, la bossa-nova nous fait onduler, et les percussions nous ancrent à la terre.

En Biodanza, la musique a un rôle central. Elle est présente. Elle oriente la vivencia qui motive le mouvement. L’invitation est de se fondre dans la musique, de s’abandonner totalement à ses vagues et pulsations. C’est le facilitateur qui choisit la musique qui sera utilisée lors de la séance, en accord avec le type de vivencia qu’il désire proposer. En plus de la musique, il tient compte du mouvement et du sens de la danse pour transmettre la forme verbale qui sera la consigne avec ses éléments poétiques.

La somme des trois éléments – musique, mouvement et consigne – crée l’atmosphère de base qui génèrera la vivencia. D’autres facteurs importants sont le groupe et l’ambiance générale du lieu dans lequel se déroule l’activité.

La musique utilisée en Biodanza ne se conforme pas à des genres spécifiques. Elle recoupe les genres les plus divers allant de la musique classique à la musique populaire en passant par tous les autres genres musicaux. Ce qui nous intéresse c’est l’émotion que déclenche une musique en particulier ainsi que le degré d’intégration qu’elle peut induire. La Biodanza n’est pas de la danse libre et les musiques font l’objet d’une sélection rigoureuse pour répondre à des critères précis. Il ne s’agit pas d’utiliser n’importe quel morceau de musique avec n’importe quel exercice. Il est important de souligner que la danse dite « libre » peut renforcer des dissociations et des musiques dissociantes peuvent générer des mouvements et des formes dissociées d’être au le monde. En Biodanza, la musique doit pouvoir offrir le renforcement de l’intégration corporelle et stimuler le lien affectif. Dans sa dimension érotique, elle doit contenir des éléments d’intégration affective sexuelle afin d’élever le niveau de la vivencia par le plaisir de la danse et par le désir de vivre, dans le respect de soi et de l’autre.

Il existe aussi la possibilité de travailler avec des instruments de percussion simples et avec la voix afin que le groupe puisse vivencier sur la musique qu’il crée lui-même. C’est parfois les simples sons de la nature qui constituent la musique sur laquelle les personnes vont danser. Surtout dans des espaces de nature vierges de toute stridence.

L’intégration affective-motrice est un des points centraux de la Biodanza, dans le sens où le mouvement peut naître d’une motivation affective et qu’il exprime celle-ci. Notre culture se caractérise par une répression idéologique de la manifestation, à travers le mouvement, des émotions ou des sentiments. Nous sommes entraînés à contrôler jusqu’aux expressions faciales pour ne pas révéler, pour ne pas laisser voir ce que nous ressentons. De nos jours, le mouvement est associé surtout à la performance et à la productivité. Il doit être utile, servir à quelque chose. Un bon exemple de cela est le taylorisme – systématisation du mouvement humain en relation avec le besoin de générer un maximum de production avec un minimum de dépense d’énergie. Nous en retirons une très forte dissociation entre le corps et l’esprit, dans laquelle le corps est de moindre valeur que l’esprit. Il est juste un lieu de passage, une demeure de l’esprit pour cette vie. Cette vision corrobore une mécanisation du corps et de ses mouvements. Il est une machine à produire. Dans notre culture dissociée, le corps est perçu comme quelque chose d’extérieur, qui nous appartient. Nous « avons » un corps. Dans ce sens, nous en prenons soin pour qu’il soit beau, productif et sain, et ne révèle pas nos faiblesses. Nous sommes bien loin de la conscience des révélations qu’un organisme intégré peut s’offrir à lui-même en révélant ses talents naturels. La conséquence de cette vision du corps est dans le stress, le surpoids et son contraire, la boulimie, l’angoisse, la dépression, les maladies psychosomatiques, la carence affective et sexuelle. La grande majorité d’entre nous peine à savoir quels sont ses réels besoins. Nous sommes plongés dans un tourbillon d’informations au sujet de nouveaux produits attendant à être consommés, créant en nous de faux besoins et venant masquer les vrais. Nous sommes pris dans un cycle parfois infernal de travail aliénant, cherchant à gagner de l’argent pour acquérir ce dont nous n’avons pas besoin. A début du XXe siècle, Freud parlait du «malaise dans la civilisation» en faisant référence à la prolifération des symptômes de l’hystérie en réponse à la répression de la sexualité. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous avons «évolué» vers des formes plus sophistiquées de répression : on ne réprime pas les comportements sexuels, mais la dynamique même du désir qui est dévié, manipulé par les médias de manière si sournoise, que nous finissons pas ne plus savoir ce qui a vraiment de l’importance dans nos vies.

Nous continuons à vivre dans une culture de forte répression sexuelle, mais les vrais symptômes de celle-ci ont fini par être occultés par les visages de la dépression, résultat de l’absence de sens, du non-sens dans lequel nous nous trouvons. C’est ainsi que surgissent de véritables épidémies en lien avec ce que nous appelons le déséquilibre mental mais qui ne font que révéler le profond vide existentiel : dépression, compulsions, angoisse.

En proposant l’intégration affective motrice comme objectif principal, la Biodanza pointe vers le sens. Nos besoins se révèlent dans l’expression de nos désirs qui en sont la forme symbolique, manifestée. Par exemple, nous avons besoin d’amour et pour répondre à ce besoin nous désirons nous faire des amis ou rencontrer un amour. Et c’est justement sur ce point que les médias entrent en action : ils nous inculquent des modèles d’amis et d’amour, déviant notre désir de son cours naturel. Si nous avons besoin d’amour, nous pouvons acheter autant de produits de beauté que le marché en comporte, ou la même machine à laver que cette belle femme ou que cet acteur sympathique héros d’une belle romance à la télévision. Et imaginer que c’est seulement si nous sommes beaux comme elle ou comme lui, que nous aurons droit à l’amour. Et ainsi tant que l’amour n’arrive pas, nous changeons de machine à laver et nous refaisons notre stock de crème pour le corps…et bien sûr, il nous faudra travailler dur pour cela. Et l’amour dans tout ça ? L’amour ?….Ah oui !! En avons-nous réellement besoin après tout ?

En Biodanza nous cherchons à retrouver le contact avec la structure originelle du désir, au plus proche de nos besoins, et à agir en accord avec cela. Cherchant ce qui nous meut en profondeur. Notre motivation profonde.

Mais cela suffit-il à mettre fin à la névrose ? Le fait de vivre dans une civilisation avec de très fortes déterminations culturelles sera toujours générateur de névrose selon des degrés variables. C’est d’ailleurs ce qui nous oblige à nous adapter et à contrôler notre expression. Mais plus nous seront intégrés, plus nous resterons éloignés de la névrose.

La Biodanza cherche à réhabiliter le contact avec nos instincts de base et qui sont eux-mêmes en lien avec nos besoins de base. Il est important de rappeler que, contrairement à de nombreuses croyances, l’instinct est auto-régulé, c’est-à-dire qu’il a pour fondement la préservation de l’individu et de l’espèce. Il s’agit d’un comportement en feed-back (en rétroaction) avec milieu et n’est donc pas destructif. Les recherches en éthologie humaine nous ont démontré à quel point nos comportements sont marqués par l’héritage.

La Biodanza nous propose de retrouver notre capacité de feed-back avec l’environnement. L’intégration affective-motrice est le mouvement qui part d’une motivation affective en résonance avec le milieu et qui génère plus de lien avec la vie. Elle porte vers une danse constante : il ne s’agit pas d’un geste que nous réalisons à un moment précis, sur une consigne précise ou une musique précise. Il s’agit de danser la vie. La vie qui danse, se danse et nous danse en permanence.

Est-il possible que la perception de la réalité ait changé avec l’invention de l’horloge ? Cet instrument si populaire dans tout le monde, est entré dans l’histoire, en tant que mécanisme, il y a seulement un demi millénaire. Il symbolise une étape dans l’histoire de l’humanité : par le mécanicisme, la science se concentre sur la mesure, sur la mensuration. Imaginons l’espace comme une coordonnée horizontale et le temps comme une coordonnée verticale. Lorsque nous établissons un point de rencontre, une réunion entre amis, ce sera toujours un point en fonction de ces deux coordonnées. L’espace et le temps. La rencontre entre deux amis serait hautement improbable sans ces deux références. Dans ce sens, mesurer mécaniquement le temps, le normaliser et le populariser a représenté un grand progrès pour permettre aux humains de se donner rendez-vous dans l’aventure de la vie. Ainsi, peu à peu, toute la structure sociale a commencé à s’organiser à partir des aiguilles de la montre. Mais – car il y a un mais – cette organisation est devenue si rigide qu’au lieu de rester au service de nos rencontres, elle nous a mis à son service. L’espace de vie est réglé par le temps des horloges et nous sommes restés enfermés dans une sorte de prison virtuelle dans laquelle notre organisme doit s’adapter aux chronomètres, entraînant toutes sortes de violences à son encontre. Tels les bébés rigoureusement nourris toutes les trois heures, quitte à interrompre leur sommeil ou leurs jeux; tels les enfants – encore eux – assis à des tables de travail des heures durant; tels des adultes réalisant jour après jour des tâches répétitives et abêtissantes dans des lignes de montage. L’horloge marque le point à partir duquel nous nous sommes éloignés des temps organiques régulés par la nature et par ses cycles. Nous nous sommes habitués à vivre dans une société d’imposition et nous nous sentons incapables de changer la réalité. La technologie qui à l’origine s’est développée avec la promesse de libérer les hommes et les femmes des innombrables efforts de la survie au quotidien, de leur offrir du temps pour jouir de la vie et de ses arts, finit en réalité par servir un système aliénant générateur de névrose et d’impuissance.

Songeons à l’évolution de la vie. Nous voyons que les mammifères sont dotés d’un système nerveux complexe. Ils sont capables de développer des aptitudes sociales telles que le langage, la mémoire, la communication et l’organisation groupale. Ces fonctions se concentrent dans une aire du cerveau appelée néocortex et responsable aussi de la réalisation d’opérations complexes, individuelles et de groupe et qui se traduisent par des actions concrètes sur le milieu. De leur côté, les fonctions d’autorégulation organique – la perception de la faim et de la soif, de froid et de chaleur, de danger et de plaisir – sont sous l’action d’une zone plus ancienne du cerveau : le système limbique hypothalamique, ou siège des émotions. Le cortex (ou néocortex) et le système limbique fonctionnent de manière intégrée : la perception d’un besoin mène à une action stratégique qui recherche sa satisfaction dans le milieu. En plus de faciliter l’opérationnalisation de solutions intelligentes, le cortex a une fonction modulatrice tout aussi importante. Cette fonction se réfère essentiellement à des comportements sociaux qui poussent l’individu à évaluer quelle pourrait être la meilleure forme et le meilleur moment pour se situer et agir face aux autres membres de sa propre communauté.

Par exemple, certaines circonstances peuvent être défavorables à la recherche du partenaire sexuel, de la nourriture, de l’abri. Dans ce cas, l’attente et le différemment peuvent s’avérer une stratégie intelligente. De l’évaluation stratégique résulte la capacité à attendre le moment le plus propice pour agir. Cependant, l’action ne peut être différée indéfiniment, car cela peut engendrer une infinité de complications organiques.

Dans le cas de l’être humain, cette fonction naturelle a souffert de nombreuses implications tout au long du processus de civilisation. C’est ainsi que la fonction modulatrice du cortex a fini par servir à adapter l’individu à une réalité extérieure d’imposition qui, dans la majeure partie des cas, exerce sur lui un pouvoir coercitif. Ce pouvoir est basé sur la punition et l’émotion conséquente : la peur. Les relations hiérarchiques naturelles des groupes se transforment alors en relations de pouvoir (jeux d’imposition et de soumission) et se traduisent en valorisation de la propriété privée, en guerres et autres esclavages. En exacerbant la fonction modulatrice du cortex, la civilisation a fini par donner lieu à une infinité de maladies en rapport avec la procrastination et la répression des besoins fondamentaux et premiers. Le non respect des cycles physiologiques amène son cortège de dérèglements organiques, avec pour résultat, des altérations de la perception, de l’auto perception et de l’émotion.

Tant de fois, au lieu de mettre en place une stratégie directe nous permettant d’obtenir de la nourriture, de calmer notre faim ou notre soif, nous repoussons la possibilité de satisfaction en remettant à plus tard ou à autrement. Le manque d’action concrète finit par produire, à moyen terme, des symptômes organiques tels que les gastrites et des maux de tête; ou émotionnels, tels que l’angoisse, la peur, la sensation d’impuissance et la mauvaise estime de soi. Différer et réprimer sont les facteurs qui transforment la vie en une existence déterminée de manière névrotique par les aiguilles de la montre….ou la volonté de l’autre.

La vivencia en Biodanza est proposée dans le sens de retrouver la fonction stratégique et créative du cortex, par la réhabilitation de son intégration au système limbique hypothalamique. Le moment de la vivencia constitue une véritable rupture d’avec le temps chronologique, dans la mesure où la réalité est perçue dans sa dimension atemporelle. Pendant la vivencia, il se produit un changement de perception. Dans le temps chronologique, une étreinte avec un compagnon peut durer une minute. Mais dans le temps vivenciel, elle a la saveur et la valeur de l’éternité. Le temps sans durée de la vivencia est capable de revêtir une signification spéciale dans l’existence de celui ou de celle qui l’expérimente. Dans l’intemporalité de la vivencia, aucune émotion n’est permanente. Toutes sont vécues intensément dans l’immédiateté du «ici et maintenant». Le retour au temps chronologique, à l’issu de la vivencia, peut alors se transformer en une passerelle que nous franchissons pour intégrer à notre quotidien l’expérience vécue. Où nous pouvons chercher à concrétiser ce qui a réellement de la valeur et reconnaître nos besoins réels. Où nous pouvons retrouver notre propre puissance face à la vie. La vivencia peut être appréhendée comme une base méthodologique pour des processus éducatifs tournés vers la vie au lieu de l’enfermement dans des processus orientés seulement vers la production et la consommation. Dans l’univers de la vivencia, la connaissance se développe dans un rapport de plaisir et d’amour pour le monde.

Bien que la caresse soit une des formes les plus inhibées de la communication humaine dans notre culture, elle est en train de connaître une forte revalorisation dans quantité d’approches thérapeutiques. Nombre d’entre elles se penchent sur les effets bénéfiques de la caresse, du contact, de l’art du toucher et de l’importance de toucher et d’être touché.

En Biodanza, nous faisons une très grande distinction entre la caresse et le toucher. Toute forme de toucher n’est pas une caresse. Elle s’en différencie dans la mesure où elle est une forme dirigée et intentionnelle de contact. Un toucher animé d’une sorte de compromission affective et sensuelle qui favorise la résonance et l’empathie. Le toucher devient caresse lorsque, de toute notre attention et de tout notre être, nous sommes tournés vers la personne que nous caressons. Elle crée un circuit de résonance et d’échange subtil entre celui qui donne et celui qui reçoit, par la mobilisation du centre affectif de l’un et de l’autre. En même temps que l’éveil affectif, il peut y avoir une composante érotique plus ou moins prononcée. C’est-à-dire que nous connaissons des caresses fortement sensuelles colorées d’affectivité en second plan et vice versa. De toutes les manières, parce que l’acte même de caresser procure une forme de plaisir et de bien être, il y a, dans toute caresse affective, des nuances de l’érotisme.

La caresse est une action extrêmement intégrée et intégrante lorsqu’elle survient dans la rencontre entre le désir de l’offrir et la disponibilité ou le désir de la recevoir. Elle implique une intégration entre le geste et l’émotion (affective-motrice) et entre l’émotion et la sensation de plaisir (érotique-affectif), en plus de stimuler la capacité de communication en feedback. Par le fait même d’impliquer la capacité d’interaction et la perception de soi et de l’autre, il ne peut y avoir de caresse imposée. Ce qui est imposé, même dans la « meilleure des intentions », n’est pas de la caresse.

Nos mains, qui sont un des prolongements corporels de notre être, sont fortement concernées dans l’acte de caresser. De fait, les mains ont une forme anatomique parfaitement adaptée à épouser les contours, les courbes, les volumes du corps caressé. Tant leur forme que leurs mouvements et leur sensibilité permettent l’expression d’une infinité de sentiments et d’émotions par la simple variation de la pression, de la vitesse et de l’intensité du toucher. Avec le temps, nous découvrons que les mains sont riches d’un langage complexe et qu’un simple toucher, une simple caresse, peuvent en dire bien plus que beaucoup de discours.

Bien entendu, l’univers des caresses ne compromet pas que les mains. Là où il y a de la peau, il y a des manières infinies de s’exprimer par la caresse. Mais, il existe aussi des caresses qui ne demandent même pas de contact direct et qui sont porteuses d’une très grande intensité. La caresse d’un regard, par exemple, peut être à la fois d’une grande subtilité et d’une grande force.

En Biodanza, nous apprenons qu’il est possible de regarder sans juger, sans demander, sans interroger. Qu’il est possible de « voir avec le cœur » et ainsi de percevoir l’essence des êtres. Notre regard peut être si sensible et si expressif ! Il traduit nos émotions même lorsque nous nous efforçons de les nier par des expressions qui ne sont que des masques. Et c’est peut-être la raison pour laquelle nous avons tant de mal parfois à nous laisser voir et à regarder. Lorsque nous nous trouvons plongés dans le regard d’une personne, nous allons à la rencontre d’une histoire de vie où force et fragilité pulsent ensemble. Dans les regards, les masques tombent. Sous la caresse, les résistances fondent. Est-ce une des raisons pour lesquelles l’un et l’autre sont si tabous dans notre culture ?

Et que dire de cette autre forme de caresse qu’est la parole aimante, le dialogue simple, sincère et qualifiant ? Les personnes sont conditionnées par l’habitude d’utiliser la parole pour exprimer des concepts intellectuels, pour parler de choses superficielles. Mais lorsqu’elles en viennent à dire leurs sentiments, leurs émotions ou leurs besoins profonds, grand nombre d’entre elles demeurent muettes. La caresse verbale est l’expression simple, claire, poétique et enchanteresse de l’univers intime d’un être : ce qu’il éprouve à la surface de ses sens et au plus profond de ses entrailles.

Rolando Toro Araneda propose, par la Biodanza, une nouvelle manière d’être en relation, fondée sur ce qu’il appelle «l’esthétique anthropologique», c’est-à-dire la capacité à voir et à exprimer ce qui nous émerveille chez l’autre. Dans de nombreuses relations, les attitudes violentes, négligentes ou superficielles sont perçues comme « normales », allant de soi ou commodes. Les mots et les actes acquièrent alors la densité émotionnelle de la disqualification. L’esthétique anthropologique, pour sa part, est en lien direct avec la caresse dans la mesure où elle qualifie et où elle se fait expression d’amour et de tendresse. Elle confère à la relation la qualité du soin de l’un et de l’autre, pour l’un et pour l’autre.

Et que dire de ses effets thérapeutiques ! Une personne caressée est une personne qui s’épanouira plus facilement. Nous savons que sur le plan physiologique, la caresse est essentielle au développement de la gaine de myéline qui entoure l’axone du neurone lors de la toute petite enfance. Mais sa préservation dépend aussi de l’environnement affectif durant toute la vie. Les caresses facilitent aussi la formation de réseaux synaptiques qui, sans stimulation, resteraient pauvres et limités.

Elle constitue une des bases conceptuelles de la Biodanza qui la définit à la fois comme un état de conscience et comme un passage d’un état à un autre. D’une manière générale, notre culture manifeste une sorte de peur face à la transe, l’associant au mysticisme, à la perte de contrôle et à la folie. Il existe une croyance selon laquelle des personnes normales et bien adaptées au système ne doivent pas avoir accès à l’expérience de la transe.

Il se trouve, en réalité, que la transe est un besoin naturel dont les bases sont physiologiques. Tous les jours, lorsque nous glissons vers l’endormissement, nous entrons dans un état de transe qui constitue le passage d’une forme de perception (celle de la vigilance) à un autre état de perception (celle du sommeil). Ces états correspondent à une activité cérébrale bien différenciée en termes de fréquences et autres. L’alternance veille/sommeille est en rapport avec les cycles circadiens naturels, avec la part cyclique et rythmique de notre nature. La transe est, dans ce sens, un processus naturel de réponse à la manifestation de nos rythmes organiques.

La Biodanza entend la transe comme le passage d’un état de conscience de soi, en tant que singularité, à un état de conscience de soi en fusion avec la totalité, dans lequel l’être se sent comme faisant partie d’un tout plus vaste (famille, groupe, espèce, écosystème, planète, univers). Approfondir l’expérience des états de transe permet une action directe sur l’équilibre homéostatique dans le sens où cela donne lieu à des moments de stabilité et d’instabilité qui élèvent le niveau de l’autorégulation organique. Les états de transe promeuvent, comme conséquence de leurs effets physiologiques, le renouvellement cellulaire. Par ailleurs, ils ouvrent sur des expériences d’expansion de conscience qui stimulent une action intégrée dans le monde.

En fait, l’être humain cherche à vivre des états de transe car il en a besoin. Lorsque leur manifestation intégrée et naturelle est réprimée par l’environnement culturel, les mécanismes sociaux mettent en place des sortes d’échappatoires compensatrices destinées à répondre à ce besoin tout en maintenant l’ordre malgré tout. Aujourd’hui, la transe est pratiquée dans différents rituels religieux et autres, par l’absorption de substances hallucinogènes ainsi que par la participation à des manifestations collectives diverses socialement admises (manifestations de foules, sports de masse, festivals de musique, carnavals).

Les problèmes causés par la restriction culturelle à certaines formes de manifestation de la transe se trouveront justement dans le renforcement ou dans l’apparition de dissociations individuelles ou collectives. Par exemple, une transe mystique de possession (telle que celles pratiquées dans certains rites afro-brésiliens par exemple) peut, à l’issue de la cérémonie, causer un réel malaise physique voire même un état dépressif, chez la personne « possédée » ou « chevauchée » par l’entité. L’utilisation de substances hallucinogènes et autres, recherchées pour les altérations des états de conscience qu’elles provoquent, peuvent causer de la dépendance ou faire exploser des « noyaux » psychotiques ou des structures névrotiques compulsives. De plus, leur effet ne pouvant être régulé par l’organisme, une fois le processus lancé, il ne peut être stoppé. Des personnes extrêmement inhibées et formatées aux normes sociales peuvent même parfois libérer toute leur agressivité retenue lors d’évènements de grande ampleur, dans une sorte d’exaltation provenant de l’effet de foule.

En soi, et indépendamment des circonstances au cours desquelles elle se manifeste, la transe est naturelle et nécessaire à tout être humain. Cependant, en fonction de comment elle est conduite ou accompagnée, elle peut être très déstructurante et génératrice de décompensation dans la mesure où elle reflète l’environnement dans lequel elle a lieu.

Lorsque nous proposons la transe en Biodanza, nous visons à promouvoir l’intégration de la personne à différents niveaux tout en respectant l’harmonie intraorganique. De cette manière, l’état de transe ne déclenche pas « l’explosion » de noyaux psychotiques ou névrotiques, bien au contraire. Il génère du bien être et permet la dissolution progressive des cuirasses musculaires causées par des tensions chroniques, de même qu’il élève le niveau et la qualité de la perception de soi dans la mesure où il renforce l’expérience de la propre identité et de l’expérience sensible du monde. La transe, telle qu’elle est amenée en Biodanza sera toujours progressive, douce et sera proposée dans un environnement protecteur, accueillant, sécurisant et affectif. Ce qui a pour effet de permettre à la personne de se reconnecter à ses rythmes physiologiques et à ses besoins essentiels. C’est une expérience qui ne sera jamais imposée mais librement acceptée. Une transe « intégrante » donne lieu à une plus grande sensibilité corporelle. Elle réorganise la conscience du propre corps et contribue à rétablir une image de soi positive et une meilleure estime de soi.

L’état de transe ouvre la voie à une perception de soi en tant qu’être naturellement érotique, affectif et transcendant. Il offre la possibilité de rétrocéder à des états de diminution de la vigilance quant à la répression introjectée. Lorsque cela est possible, les vivencias unissant une douce érotisation à l’affectivité, permettent d’intégrer, d’associer, de réconcilier la perception de soi comme un être doté d’un potentiel inné d’amour et de plaisir. Il se trouve que des expériences de soi et du monde telles que l’amour et le plaisir naturels, sont peu valorisées par notre culture qui préconise en premier lieu la productivité, l’efficacité et la réalisation d’objectifs matériels. Sans parler de la valorisation de la souffrance. Nous croyons, quant à nous, que la recherche conjointe de la réalisation de soi et des propres objectifs, associée à des relations affectives épanouies et dans le plaisir de ce que nous faisons, constitue la base de notre santé. Mais plus encore. A la satisfaction d’atteindre nos objectifs et nos buts, nous associons des valeurs essentielles : celles de l’être.

Ce qui constitue la conscience est notre capacité à percevoir le monde et à nous percevoir dans le monde. Cependant, notre perception ne saisit qu’une petite partie de la réalité. De plus, même si nos sens ne sont capables de percevoir qu’une parcelle des stimulations qui proviennent de notre environnement, nous en réduisons la portée par les barrières et autres filtres que nous mettons en place. Ce que nous appelons la conscience est le champ de la perception qui nous permet d’avoir une notion partielle et relative de notre existence. Nous tâtonnons dans un univers assez vague de notions sur nous-mêmes et sur notre place dans le monde. L’organisation de la conscience se dessine donc selon une double pulsation symbolique et conceptuelle.

Nous vivons aujourd’hui dans un monde qui valorise et facilite l’accès à l’univers de l’information. Mais être très informé ne veut pas, pour autant, dire être conscient. La conscience se forme selon un processus d’interaction avec le monde, à mesure que nous créons notre propre histoire. Une des caractéristiques de la conscience est sa capacité d’ouverture et d’expansion. Nous avons, en effet, tout au long de notre vie, la possibilité d’ouvrir, d’amplifier notre perception et de parvenir à des niveaux de plus en plus subtils et élaborés. Mais nous avons aussi la possibilité de nous refermer. Là est notre paradoxe.

La Biodanza propose un processus de développement de la conscience sur la base de l’intégration à la réalité quotidienne et sur une meilleure connaissance du monde qui nous entoure. L’excès d’information auquel nous sommes exposés, jour après jour, et que déverse sur nous les médias, au lieu de nous rapprocher de cette réalité, nous en éloigne et finisse par faire naître en nous un sentiment d’impuissance, de manque et de frustration : comment changer le monde, comment faire sens dans le monde, comment se faire entendre ?

Or, la véritable connaissance des faits implique une action sur ceux-ci, une expérience, un vécu. Vivre quelque chose représente un état plus vaste que de s’informer sur cette chose. La connaissance devient alors un savoir issu de l’expérience qui peut être enrichie par l’information. Savoir est une étape plus complexe que connaître. Le savoir vient de la maturité que donnent non seulement le temps, la durée et la quantité de l’expérience, mais aussi sa profondeur et son intensité. C’est ce que procure la vivencia. Nous sommes tous capables de savoir, mais pour cela, il nous faut sortir du marasme caractéristique de notre culture. D’abord retrouver l’enchantement pour la vie, entrer dans son jeu qui nous invite à lâcher le contrôle sur tout. Le savoir naît alors de la relation intime, affective et passionnée avec la réalité qui n’est pas un objet à connaître mais un univers à vivre.

La Biodanza nous ouvre à une nouvelle sensibilité face à l’existence. Le savoir auquel elle nous invite n’a rien du pouvoir, de l’image ou de l’ego. Il est une invitation à être, à sentir, à percevoir le monde avec sensibilité et délicatesse. La douceur de la perception, la sensibilité face à la manifestation de la vie et à la singularité de chaque instant, sont des valeurs que la Biodanza cultive à partir de la vivencia.

Le groupe représente la matrice du développement humain. La socialisation constitue un facteur fondamental dans la formation de notre relation au monde, dans toute sa malléabilité. Elle détermine une grande part de nos comportements. A sa naissance, l’être humain est à la fois immature et sans défenses face au monde. Il est incapable des moindres gestes de survie, comme se nourrir et de déplacer par lui-même. Cette condition, commune à tous les mammifères selon des degrés différents, trouve son expression la plus dramatique dans l’espèce humaine : nous avons besoin du soin des autres plus longtemps. Notre apparente vulnérabilité a fini par constituer un facteur essentiel de notre survie et de notre évolution en tant qu’espèce qui est très fortement caractérisée par sa faculté d’apprentissage. Le prolongement de la période de dépendance que nous traversons a permis le tissage de liens affectifs qui constituent eux-mêmes la trame sur laquelle se crée et se déploie le processus de l’apprentissage. Nous pouvons ainsi comprendre que la qualité de l’échange avec le milieu familial, les amis et la communauté dans son ensemble, sont, pour l’être humain, un facteur déterminant, dans la mesure où c’est ce qu’il partage avec ses semblables qui construit son humanité.

La fonction de protection, encore si marquante dans certaines communautés primitives ou à l’échelle de groupes de taille restreinte, est en train de disparaître avec le développement des grandes villes qui plongent leurs habitants dans l’isolement et l’anonymat. Dans les petites communautés, les personnes se connaissent souvent par leurs noms, leurs histoires et leurs vies. Dans les grandes villes, la plus grande part d’entre elles, même dans le cas de « voisins de pallier », ne communiquent pas. Les familles tendent à se réduire en nombre et à se nucléariser, voire à éclater. Les personnes apprennent à vivre seules et on voit apparaître un phénomène de solitude de masse. Bien que nous soyons encerclés physiquement, nous ne sommes pas « entourés » et nous sentons émotionnellement seuls. Avec, pour résultat, le rétrécissement de notre capacité d’interaction avec le monde qui se réduit au nécessaire et à l’utilitaire. Nos relations deviennent de plus en plus superficielles, colorées par la peur et par la méfiance. Peu à peu, en perdant le lien avec les autres, nous perdons la conscience de nous-mêmes.

Le groupe est un élément fondamental de la structuration de l’identité car la reconnaissance des autres et à la base de la reconnaissance de soi. De même, la qualité de la relation et du partage au sein d’un groupe a une influence tant sur la santé mentale que physique de l’individu.

Le groupe de Biodanza est une matrice de renaissance, dans une approche qui vise à constituer des groupes destinés à se réunir de manière périodique avec l’intention de grandir et de célébrer la vie ensemble. Ceci, dans un renforcement des liens affectifs par la valorisation de la présence de chacun des membres du groupe. Dans une culture de la solitude, comme celle dans laquelle nous vivons, la simplicité de cette approche présente des effets prophylactiques et curatifs significatifs. Le renouveau existentiel qui se fait sentir, grâce au partage affectif au sein d’un groupe, peut être comparé à une expérience de renaissance.

Myrthes Gonzales

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La plus subversive de toutes les disciplines est celle qui se fonde sur le respect de la vie, sur la joie de vivre, sur le droit à l’amour et au contact.

Rolando Toro Araneda