Quelques éclaircissements

Au regard de l’expansion et de l’évolution de la Biodanza dans le monde, nous sommes heureux de constater que, d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre, nous retrouvons son essence et sa cohérence. Cependant, elle peut aussi être victime de son succès, si l’on peut dire. Certains peuvent parfois céder à la tentation d’introduire à leur pratique des concepts, des dynamiques ou des contenus qui ont pour effet de compromettre cette même cohérence.

Il peut aussi arriver – et c’est fréquemment le cas – que des discours véhiculent des représentations très éloignées de ce qu’est la Biodanza. Il nous semble donc important de citer ici, dans les paroles de Rolando Toro, les points principaux nous permettant de clairement identifier ce qu’est la Biodanza et surtout ce qu’elle n’est pas.

De nos jours, les sciences de la santé se préoccupent essentiellement de la prévention, de la prophylaxie, de la réhabilitation, de la santé sociale et de la protection de l’environnement. Selon Edgar Morin, Murray Gell-Mann et d’autres, si nous partons du principe que la thérapie est essentiellement la protection de la santé et non pas seulement la faculté de guérir des maladies, cela implique qu’il faille en élargir le concept. Dans une tâche aussi complexe qu’est la réhabilitation de la santé tant individuelle que sociale, les méthodes thérapeutiques sont complémentaires les unes des autres, de par leur efficacité et leur spécificité,  C’est dans cette complémentarité que se conçoit la Biodanza.

La Biodanza n’est pas qu’une discipline alternative. Elle constitue une extension des sciences humaines au même titre que celles initiées par Freud, Jung, Reich et d’autres. Des auteurs qui ont largement contribué à la recherche et aux investigations sur les systèmes de guérison font partie des références théoriques sur lesquelles elle se fonde. Elle n’est pas une « autre chose », alternative à ce qui existe par ailleurs. Elle intègre, souligne et valide ce que d’autres ont mis en lumière, dès lors qu’il s’agit d’aborder les potentiels globaux de santé.

La Biodanza intègre le corps, la vivencia et le mouvement en situation de groupe, ouvrant de nouvelles pistes thérapeutiques. Il s’agit d’un système de prophylaxie, de réhabilitation existentielle, d’intégration psychophysique (dépassement des dissociations), de rééducation de l’affectivité et de traitement complémentaire de troubles mentaux et maladies psychosomatiques.

Si l’objectif de la psychothérapie est de soigner et de guérir les maladies, celui de la Biodanza est de développer le potentiel de santé. L’alternative psychothérapeutique est donc de travailler soit à partir de la maladie soit à partir des facteurs d’optimisation. La proposition de changement et d’évolution fondée sur la partie saine des individus se distingue de la psychothérapie traditionnelle.

Les effets de la Biodanza sont essentiellement de nature prophylactique. Ses domaines d’action et d’application sont donc la prévention, l’éducation, les processus de réhabilitation, l’estime de soi et l’action sociale (surtout dans le cas de publics souffrant de situations d’exclusion).

  • Tous les exercices de Biodanza promeuvent l’intégration des fonctions organiques. Ce qui se traduit par une profonde sensation de bien être. Tout exercice compromettant l’unité organique n’est pas de la Biodanza.
  • La Biodanza induit des « vivencias » de vitalité, de plaisir, de créativité, d’affectivité et de transcendance. La proposition d’objectifs autres de nature philosophique, magique ou politique ne correspond pas au Système Biodanza.
  • La Biodanza n’est ni interprétative, ni analytique. Toute interprétation (pendant la séance) des sensations, des émotions, ou de l’expression motrice des participants, est en contradiction avec la proposition de la Biodanza.
  • La Biodanza possède une théorie cohérente et un modèle opératoire. La simple association d’exercices, la libre expression corporelle ou le mélange de techniques variées ne suffisent pas à en faire de la Biodanza.
  • La méthodologie de la Biodanza respecte profondément le niveau moteur et émotionnel de chaque participant. Toute approche autoritaire de la part du facilitateur consistant à imposer des comportements est contraire à cette méthode.
  • L’action de la Biodanza se fonde sur des processus d’intégration avec et au sein du groupe. Toute utilisation d’outils ou de médiations (tels que des objets, des rituels ou des substances) ou la présence d’observateurs sont contraires à la Biodanza.
  • La Biodanza respecte les automatismes de l’organisme tels que la respiration et la fonction cardiaque. Elle ne comprend pas d’exercices tels que l’hyperventilation ou d’autres techniques respiratoires inspirées d’autres systèmes. Le mouvement corporel, les émotions et la respiration forment un ensemble auto-régulé dans lequel ne doit intervenir aucun facteur dissociant d’ordre volontaire. La beauté des automatismes réside justement dans le fait que ce sont des automatismes. De même, l’interférence arbitraire dans les processus digestifs et dans les comportements alimentaires ne correspond pas à une approche défendable de la santé.
  • En Biodanza, les relations inter personnelles s’établissent sur le mode d’une rétroaction permanente. Chaque personne est invitée à exprimer le degré de proximité qu’elle se sent en mesure d’accepter. Chaque personne est responsable de ses propres limites quant au contact. Nul ne peut envahir l’espace privé de l’autre. La rencontre humaine survient dans la cohérence parfaite des signes qui indiquent l’ouverture et les limites. C’est pour cela que les exercices dans lesquels le facilitateur impose des formes de contact sans tenir compte des messages en feed-back de la rencontre corporelle, sont contraires à la Biodanza.
  • La Biodanza a une dimension sociale, écologique et transcendante. Le fait d’exclure de l’approche un de ces aspects ampute la Biodanza de son essence.
  • La Biodanza possède des fondements scientifiques. Elle se fonde sur les sciences biologiques, sur l’ethnologie et sur un large éventail d’études anthropologiques. Toute proposition introduisant des éléments de magie, des préjugés moraux ou des formes de médecine parallèle fondées sur des modèles imaginaires, n’appartient pas à la Biodanza.
  • La musique utilisée en Biodanza est soumise à une sélection selon des critères de « Sémantique Musicale ». Le contenu émotionnel de la musique fait l’objet d’une analyse rigoureuse afin de faciliter l’émergence de vivencias et de situations déterminées. Pour la Biodanza, la musique doit présenter un fort pouvoir inducteur de vivencias intégrantes. Les seuls critères de mode ou de préférences ne suffisent pas à en valider l’utilisation.